Parmi toutes les plages du sud de Minorque, Cala Escorxada a ce petit quelque chose d’unique : un charme brut, presque secret, que seuls les marcheurs patients découvrent. C’est une crique qu’on ne rejoint qu’à pied, et c’est sans doute ce qui la rend si belle.
Je vous conseille d’y accéder depuis Binigaus. Le chemin qui relie les deux plages est tout simplement somptueux. Environ 50 minutes de marche, parfois escarpée mais tout à fait réalisable, vous attendent. Le sentier serpente à travers la forêt, longe les falaises, puis s’ouvre soudain sur la mer. À chaque détour, la Méditerranée apparaît entre les pins, et l’air se charge de ce parfum salé que j’aime tant.
Et puis, après une dernière descente entre les rochers, Cala Escorxada se dévoile. Une anse claire, presque timide, lovée juste avant Cala Fustam. Le sable blanc, les pins qui l’enserrent, et l’eau d’un bleu profond donnent envie de s’y poser pour des heures.
Je m’y suis offert un moment de snorkeling près des rochers, masque sur le visage, corps flottant dans une eau transparente. Sous la surface, tout un petit monde s’active : poissons colorés, herbiers ondulants, reflets argentés. Ce fut l’un de ces instants suspendus où l’on se dit que marcher sous le soleil valait bien la peine.
Une plage cachée au cœur du sud minorquin
Sur la côte sud de Minorque, Cala Escorxada se dissimule entre deux autres plages, Cala Mitjana et Binigaus. Là, dans une zone classée d’intérêt naturel, la mer s’avance timidement entre les roches claires et les pins maritimes. L’endroit semble suspendu hors du temps. Peu de voyageurs s’y aventurent, sans doute à cause du chemin qui la protège des foules. Et c’est tant mieux. Cette crique se vit comme une récompense après l’effort, un petit secret partagé entre la mer et ceux qui prennent le temps d’y aller.
La plage est modeste — une centaine de mètres tout au plus — mais son charme repose sur sa simplicité et sa pureté. Le sable y est si clair qu’il semble luire sous le soleil, tandis que l’eau, d’un bleu laiteux, devient plus translucide encore au fil de la journée. Autour, les falaises calcaires et les forêts de pins créent un décor qui semble tout droit sorti d’un rêve méditerranéen.
Je me souviens du moment où la crique s’est dévoilée au détour du sentier. Le bruit des vagues, discret jusque-là, s’est amplifié, et d’un coup, la mer est apparue, vaste et bleue, bordée de verdure. C’est ce genre de souvenir qui reste longtemps gravé, surtout quand on a marché plus d’une heure sous le soleil pour y parvenir.

Le chemin vers Cala Escorxada : une randonnée à savourer
C’est sans doute l’accès difficile qui a permis à Cala Escorxada de conserver son authenticité. Aucune route, aucun bus, aucun parking direct ne mène à la plage. Il faut la mériter.
Le point de départ le plus fréquent se situe à Santo Tomás, une station balnéaire tranquille. De là, le sentier s’enfonce dans la nature minorquine : pierres, garrigue, pins tordus par le vent et quelques passages ombragés. Il faut compter entre 1h et 1h30 de marche, selon votre rythme et la chaleur du jour. Le chemin, bien que balisé, reste caillouteux et parfois escarpé, donc des chaussures de randonnée légères sont préférables aux tongs.
Pour les plus aventureux, d’autres options existent :
- Depuis Cala Mitjana, le sentier traverse des paysages plus boisés et offre de beaux points de vue sur la côte.
- Depuis Es Migjorn Gran, on peut rejoindre le littoral par des pistes rurales avant de bifurquer vers le chemin côtier.
Certains choisissent d’y venir en VTT, jusqu’à la portion finale, qu’il faut terminer à pied. D’autres préfèrent le bateau-taxi (Taximar), une solution pratique depuis Santo Tomás ou Cala Galdana, qui permet d’arriver par la mer — une expérience à part, surtout quand la crique se dévoile depuis le large. Les amateurs d’expériences originales peuvent même opter pour une randonnée à cheval, proposée par quelques entreprises locales : longer la côte au pas, entre mer et pinède, procure une sensation de liberté rare.

Une plage sans fioritures, mais avec du caractère
Si vous êtes du genre à chercher le confort d’un transat ou le cocktail sous parasol, mieux vaut passer votre chemin. Cala Escorxada est totalement dépourvue de services : pas de bar, pas de toilettes, pas de poste de secours. Et c’est précisément ce qui fait son charme.
Avant de partir, pensez à préparer votre sac :
- Eau en quantité suffisante (la chaleur peut être forte en été)
- Pique-nique ou encas
- Crème solaire et chapeau
- Masque et tuba pour profiter des fonds marins
Le sable est fin mais la plage n’est pas totalement protégée du vent. Quand le vent du sud se lève, les vagues peuvent devenir plus présentes. Pour une journée paisible, préférez les journées où le vent souffle du nord : la mer y est alors plus calme, et la transparence de l’eau impressionne.
Sous la surface, le spectacle continue : poissons colorés, herbiers de posidonies, reliefs rocheux. Le snorkeling y est une vraie belle surprise, surtout le matin quand la lumière pénètre l’eau avec douceur.

Minorque sauvage : entre terre et mer
Ce qui rend Cala Escorxada si spéciale, c’est qu’elle s’inscrit dans une zone naturelle d’intérêt spécial, protégée de toute urbanisation. Autour, la nature reprend ses droits : pins, chênes verts, genévriers et falaises blanches dessinent un tableau vivant, typique du sud de Minorque.
On croise parfois quelques chèvres sauvages ou le vol d’un milan royal. Les couleurs changent au fil de la journée : le bleu de la mer, le vert des pins, l’ocre des pierres. Tout ici semble vouloir rappeler que Minorque est une île préservée, discrète et sincère.
Pour prolonger la balade, un petit sentier part vers Cala Fustam, une crique encore plus petite et tout aussi tranquille, située à cinq minutes à pied. Peu de monde s’y rend, et la sensation d’être seul au monde y est totale.
Vivre l’expérience Cala Escorxada
Passer une journée à Cala Escorxada, c’est accepter de ralentir. On laisse la montre au fond du sac, on s’allonge sur le sable, on se baigne, on lit, on observe le va-et-vient des vagues. Les heures passent autrement ici, dans une sorte de parenthèse naturelle.
Ce qui frappe, c’est le silence. Pas de moteur, pas de musique, seulement le bruit de la mer et le vent dans les pins. On retrouve un rapport simple à la nature, celui qu’on perd parfois dans les stations plus fréquentées.
Et puis, il y a le retour. Cette marche, en fin de journée, quand le soleil décline et que le sentier semble plus doux. On avance lentement, la peau salée, les pieds encore pleins de sable, et on se dit qu’on a bien fait de venir.
Conseils avant le départ
Cala Escorxada n’est pas une excursion improvisée. Pour que votre journée reste agréable, quelques recommandations s’imposent :
- Partez tôt le matin, surtout en été, pour éviter la chaleur et profiter de la lumière douce.
- Emportez suffisamment d’eau : il n’y a aucune source sur place.
- Préférez des chaussures adaptées à la marche, le terrain étant parfois irrégulier.
- Gardez vos déchets avec vous : la plage est préservée, et chacun contribue à la garder ainsi.
🐢 Le mot de la tortue
Cala Escorxada m’a rappelé pourquoi j’aime Minorque. Ici, tout pousse à la lenteur : le chemin, la mer, la lumière. Ce n’est pas une plage qu’on traverse, c’est une expérience qu’on vit. On y trouve une forme de simplicité rare, celle qui fait du bien, qui repose et qui reconnecte.
Si vous aimez les lieux qui se méritent, les journées sans foule, et les paysages intacts, alors cette crique vous plaira sans doute autant qu’à moi. Prenez votre temps, marchez tranquillement, et laissez la tortue qui sommeille en vous savourer chaque pas jusqu’à la mer.




