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Visiter Las Médulas : à la rencontre de la montagne éventrée

J’avais déjà vu des photos de Las Médulas. Cette terre rouge, presque ocre, ces pics improbables, et cette lumière qui semble danser entre les arbres et les falaises. Mais rien ne remplace la sensation de s’y balader pour de vrai, dans ce coin du Bierzo, au nord-ouest de l’Espagne. On marche dans un paysage né d’un chantier titanesque vieux de deux mille ans. Et même si la nature a repris ses droits, elle n’a pas effacé les cicatrices. Au contraire, elle les a habillées de châtaigniers et de silence.

À retenir sur Las Médulas

Las Médulas est un site spectaculaire situé dans la province de León, en Castille-et-León, au nord-ouest de l’Espagne. Il est célèbre pour ses paysages de terre rouge déchiquetée et ses pics étranges, qui résultent… non pas de phénomènes naturels, mais d’une ancienne mine d’or romaine.

Ce qu’il faut savoir sur Las Médulas :

  • 🏛️ Site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997.
  • ⛏️ Il s’agissait de la plus grande mine d’or à ciel ouvert de l’Empire romain, exploitée à partir du Ier siècle après J.-C.
  • 💦 Les Romains utilisaient une technique impressionnante appelée ruina montium : ils creusaient des galeries, puis faisaient exploser les montagnes en y injectant de grandes quantités d’eau.
  • 🌄 Aujourd’hui, cela donne un paysage presque surnaturel, fait de rochers orangés, de pics, de grottes et de châtaigniers centenaires.

C’est aussi un très bel endroit pour la randonnée et la photographie, avec plusieurs miradors (notamment le Mirador de Orellán) offrant une vue spectaculaire sur les formations rocheuses.

Histoire et exploitation de l’or : les Romains, ces ingénieurs fous

Avant les Romains, les peuples locaux – les Astures – connaissaient déjà les filons d’or cachés dans les montagnes. Mais c’est avec l’arrivée de l’empereur Auguste, entre 26 et 19 av. J.-C., que tout a changé. Une fois la région conquise, les Romains ont mis en place une exploitation à grande échelle, digne d’un chantier impérial. Pendant près de 250 ans, le site a tourné à plein régime.

D’après Pline l’Ancien, pas moins de 1 635 tonnes d’or auraient été extraites de Las Médulas. Le chiffre fait tourner la tête. En réalité, ce sont surtout les volumes de terre déplacée qui impressionnent : environ 500 millions de mètres cubes. C’est comme si on avait vidé une montagne à la petite cuillère… mais en version antique.

Les chiffres varient selon les sources, mais on parle de 10 000 à 20 000 travailleurs – esclaves affranchis, mineurs, fournisseurs, gardiens. Ce n’était pas juste une mine : c’était une véritable cité souterraine, une ruche bourdonnante autour de la promesse de l’or.

vue pic rouge las medulas

La « ruina montium » : quand l’eau faisait exploser la roche

C’est sans doute ce qui m’a le plus fascinée. La méthode d’extraction utilisée par les Romains, appelée ruina montium – littéralement « la ruine des montagnes » – repose sur un principe aussi simple que redoutable : utiliser l’eau pour faire éclater la roche.

Tout partait des hauteurs du mont Teleno, qui culmine à 2 000 mètres. La neige fondue et les rivières étaient captées, dirigées, stockées dans des bassins géants. Pas moins de 300 km de canaux ont été construits pour faire arriver l’eau jusqu’au cœur des galeries.

Une fois l’eau acheminée, on la stockait, on la bloquait… puis on ouvrait brusquement les vannes. Résultat : une montée soudaine de pression, une compression de l’air piégé dans les galeries, et boom, les parois s’effondraient. Une montagne qui s’écroule sous la poussée d’un flot invisible.

Les débris étaient ensuite lavés en aval pour récupérer les précieuses paillettes d’or. Pas besoin de dynamite : juste de l’eau, de l’intelligence, et une sacrée dose de patience.

Balades et découvertes autour de Las Médulas

Aujourd’hui, on est loin des cris des ouvriers et des grondements de la roche. C’est le calme qui domine. Depuis le village de Las Médulas, plusieurs sentiers partent à travers les bois. Le premier tronçon traverse une forêt de chênes centenaires, où chaque tronc semble porter la mémoire du site.

Le Mirador de Pedrices offre une belle vue sur les pics et les anciennes mines. Mais c’est surtout le Mirador d’Orellán qui m’a coupé le souffle. Là, face à ce paysage rouge dentelé, on mesure vraiment l’ampleur du travail romain. Et la beauté que le temps a laissée derrière lui.

Juste sous le mirador, une ancienne galerie romaine a été réaménagée pour les visiteurs (casque obligatoire, mais fourni). Pour 3 €, on pénètre dans l’intimité du site, avec des ouvertures creusées dans la roche qui laissent entrevoir le panorama. Frissons garantis.

Le retour se fait par la Cuevona, une grande cavité naturelle creusée par les eaux. Et un peu plus loin, à l’ouest du village, on peut rejoindre à pied le lac Somido, où, avec un peu de chance, on aperçoit des petites tortues se dorer au soleil.

Conseils pratiques pour une visite réussie

Si vous imaginez un site immense, façon Grand Canyon, vous risquez d’être surpris. Las Médulas est plus petit qu’on ne le croit, mais son charme réside dans ses détails et son atmosphère. Pour profiter pleinement :

  • Venez en semaine, si possible le matin, pour éviter les groupes.
  • Le printemps et l’automne sont les saisons les plus agréables. L’été peut être rude : peu d’ombre, beaucoup de soleil.
  • Deux grands parkings sont disponibles à l’entrée du village.
  • Les sentiers sont bien balisés, mais prévoyez de bonnes chaussures. Rien de technique, mais ça grimpe un peu.
  • La galerie sous le mirador est une belle expérience à ne pas manquer, surtout par temps chaud.

Enfin, prenez votre temps. Marchez doucement. Respirez cette odeur de terre rouge et de feuilles sèches. Écoutez les oiseaux, touchez les pierres, imaginez le vacarme d’il y a deux millénaires. Et laissez-vous emporter par ce lieu, à la fois sauvage et façonné par la main de l’homme.

Charlie
Charlie

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