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Visiter Gérone : escapade dans ce joyau de la Catalogne

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant à Gérone. Une étape avant la Costa Brava, un arrêt improvisé, ou peut-être un simple point sur la carte entre deux grandes villes. Mais j’ai vite compris que cette petite perle catalane méritait bien plus qu’un détour. En une journée, j’ai marché sur des remparts vieux de mille ans, traversé des ponts aux reflets changeants et goûté à des plats qui mériteraient leur place dans un musée. Gérone, c’est un peu comme un vieux livre qu’on ouvre par curiosité et qu’on n’arrive plus à refermer.

Présentation de Gérone

Nichée au nord-est de l’Espagne, en pleine Catalogne, Gérone (ou Girona pour les locaux) se tient fièrement à la croisée de quatre rivières. Elle est traversée par le Riu Onyar, qui reflète ses façades colorées comme un tableau mouvant. Et derrière ce charme fluvial se cache une ville au passé riche : fondée par les Romains avant de devenir un véritable carrefour de cultures, elle a vu passer les musulmans, les juifs, les Francs et bien d’autres encore.

Son centre historique est un trésor : pavés usés, escaliers abrupts, ruelles qui serpentent, et cette impression d’avoir traversé un portail temporel sans s’en rendre compte. Gérone est fortifiée, mais jamais fermée. Elle se laisse découvrir lentement, à la manière d’une promenade sans plan. Que ce soit pour une journée ou un week-end, elle est idéale pour ralentir un peu et se perdre… dans le bon sens du terme.

Que faire et que voir à Gérone ?

Si vous aimez marcher sans but précis, lever le nez vers les façades, vous faufiler dans des ruelles étroites et vous arrêter là où l’envie vous prend, Gérone risque de vous plaire. Ici, tout se fait à pied. En une journée, vous pouvez en voir beaucoup. Mais même si la ville n’est pas immense, elle a ce petit quelque chose qui donne envie de ralentir. De prendre le temps. Alors, voici ce que je vous propose pour savourer Gérone comme il se doit, sans courir après une liste à cocher.

Traverser les ponts et admirer les reflets sur l’Onyar

J’ai commencé ma visite par les ponts, et franchement, je ne le regrette pas. Ils offrent les plus jolies cartes postales de la ville. Le Pont de Pedra, avec ses arches en pierre, relie la ville moderne au centre historique. C’est un bon point de départ. Juste en face, les maisons suspendues aux couleurs chaudes se reflètent dans l’eau comme dans un miroir tremblant.

Un peu plus loin, ne manquez pas le Pont de les Peixateries Velles. C’est le pont rouge tout en métal, construit par la maison Eiffel (oui, la même que celle de Paris). Il a ce petit air industriel qui contraste avec les maisons anciennes autour. À chaque heure, la lumière change, les reflets dansent sur l’eau, et on se surprend à vouloir tout photographier. Même si vous n’êtes pas du genre à dégainer votre téléphone toutes les cinq minutes, ici, c’est difficile de résister.

Se perdre dans le Barri Vell, le cœur médiéval

Après les ponts, je me suis laissée entraîner dans le Barri Vell, la vieille ville. C’est un labyrinthe de ruelles pavées, de passages voûtés, de petits escaliers un peu raides. Le genre d’endroit où on ne cherche pas à suivre un plan. On marche, on observe, on s’arrête.

Le quartier juif, El Call, est l’un des mieux conservés d’Espagne. Il est traversé par la rue Força, mais le charme se cache dans les détours. Les murs en pierre, les balcons en fer forgé, le silence qui y règne… On se croirait revenus des siècles en arrière. Le musée d’histoire juive est une belle halte pour en apprendre un peu plus sur la vie quotidienne de cette communauté au Moyen Âge. Objets archéologiques, documents, photos… C’est petit mais bien fait.

La Rambla de la Llibertat, quant à elle, longe la rivière avec ses arcades pleines de boutiques et de terrasses. C’est vivant, animé, parfait pour une pause café. Et si vous cherchez un peu d’ambiance typique, grimpez la Pujada de la Catedral, une ruelle en escaliers qui vous mènera droit au monument le plus emblématique de la ville.

catedrale gerone

Monter les marches de la cathédrale (et rester bouche bée)

La cathédrale Sainte-Marie de Gérone est perchée sur un promontoire, accessible par un monumental escalier qui impose le respect (et fait un peu travailler les mollets). En haut, la récompense est là : un bâtiment massif, austère de l’extérieur mais grandiose à l’intérieur. Sa nef gothique est la plus large du monde, paraît-il, et ça se sent.

Le billet donne aussi accès au cloître, calme et apaisant, et au musée ecclésiastique où l’on peut admirer la fameuse tapisserie de la Création. Même sans être passionné d’art religieux, j’ai trouvé cette visite touchante. La cathédrale a d’ailleurs servi de décor à Game of Thrones, pour les amateurs de séries.

À deux pas, la basilique Sant Feliu, avec sa silhouette élancée, vaut aussi le coup d’œil. Et pour les plus curieux, des églises plus discrètes comme Sant Lluc ou Santa-Susanna del Mercadal ponctuent la balade.

Marcher sur les remparts et regarder la ville d’en haut

Avant de partir, j’ai longé les remparts de Gérone, et c’était probablement l’un de mes moments préférés. Le parcours commence à la Plaça de Catalunya et suit les anciennes murailles carolingiennes, qui datent du IXe siècle. C’est l’une des plus longues enceintes médiévales d’Europe, paraît-il, et elle est en très bon état.

En haut, la vue est superbe : les toits en tuiles, les clochers, les collines en toile de fond… On avance tranquillement, d’une tour à l’autre. Il y a des bancs pour s’asseoir, des escaliers à grimper, et surtout, une ambiance apaisante. Si vous le pouvez, faites cette balade en fin de journée. La lumière du soir, dorée et douce, donne un charme fou à la ville.

remparts gerone

Visiter les bains arabes, une pause fraîcheur

Juste derrière la cathédrale, j’ai découvert les bains arabes. Ce petit bâtiment du XIIe siècle, inspiré des thermes romains, est une vraie parenthèse. On entre dans une salle voûtée, on suit un petit parcours entre colonnes et bassins vides, et on s’imagine la vie d’autrefois, avec ses rituels de purification et de détente.

C’est une visite courte, mais agréable. L’entrée coûte 3 €, ce qui en fait un bon plan pour souffler un peu (sans jeu de mots interdit 😄).

Culture et musées à Gérone : pour les curieux et les rêveurs

Même si l’air de Gérone donne envie de flâner dehors, il ne faut pas passer à côté de sa vie culturelle. Entre deux balades, j’ai pris le temps de pousser quelques portes… et j’ai bien fait. La ville regorge de musées à taille humaine, accessibles, parfois surprenants, toujours passionnants. Voici ceux qui m’ont le plus marquée :

  • Le Musée d’art de Gérone : Installé dans l’ancien palais épiscopal, ce musée offre un beau panorama artistique, depuis l’art roman jusqu’au XXe siècle. J’ai aimé m’y perdre entre les sculptures anciennes, les retables délicatement peints et les œuvres plus modernes. L’ambiance y est calme, presque feutrée, parfaite pour faire une pause dans la journée.
  • Le Musée d’Histoire de Gérone : Ici, on remonte le temps. Littéralement. Depuis la préhistoire jusqu’à l’ère industrielle, on découvre les grandes étapes de la ville, ses influences, ses bouleversements. La scénographie est claire, avec plein de petites anecdotes locales qui rendent la visite vivante. Idéal si vous aimez comprendre le « pourquoi du comment » en voyage.
  • Le Musée du Cinéma : Un vrai coup de cœur. Ce musée est unique en Espagne, et franchement inattendu. Il retrace l’histoire du cinéma à travers la collection privée de Tomàs Mallol : lanternes magiques, caméras anciennes, affiches… C’est à la fois ludique et émouvant. Même sans être cinéphile, on ressort de là avec des étoiles plein les yeux.

Gastronomie à Gérone : le voyage passe aussi par l’assiette

La cuisine ici a ce petit goût de générosité qui vous met immédiatement à l’aise, que vous soyez attablé dans un bar discret ou dans l’un des temples de la haute gastronomie. C’est une ville où l’on mange bien, tout simplement.

Si vous êtes tenté par une expérience inoubliable, il y a bien sûr le Celler de Can Roca. Trois étoiles au guide Michelin, plusieurs fois élu meilleur restaurant du monde… Le genre de lieu qui fait rêver. Je n’ai pas eu l’occasion d’y dîner – le budget et le timing ne s’y prêtaient pas – mais rien que de savoir qu’il se trouve là, à deux pas, donne une certaine aura à la ville. Et puis, son influence se ressent un peu partout, jusque dans les adresses plus modestes.

En parlant des Roca, j’ai craqué pour une glace chez Rocambolesc, la gelateria imaginative de Jordi Roca, le chef pâtissier du trio. C’est gourmand, parfois surprenant, et on a un peu l’impression de manger un dessert tout droit sorti d’un conte. Entre les parfums originaux et les toppings rigolos, c’est une pause sucrée qui m’a bien fait sourire.

Mais Gérone, ce n’est pas que les grands noms. C’est aussi une cuisine locale riche et généreuse, ancrée dans le terroir catalan. On y trouve des produits de qualité : poissons et fruits de mer venus de la Costa Brava, viandes savoureuses, légumes gorgés de soleil… Le tout souvent cuisiné avec simplicité, mais beaucoup de goût. Et pour accompagner le repas, difficile de résister à un petit verre de vermouth, spécialité locale qui ouvre joliment l’appétit.

Et puisqu’on parle de plaisirs de la table, laissez-moi vous dire un mot sur le vermouth. À Gérone, il ne se boit pas seulement à l’apéritif : c’est presque un rituel. Servi bien frais, parfois avec une rondelle d’orange ou une olive, il accompagne à merveille les conversations qui traînent et les petites assiettes à partager. J’en ai goûté un en terrasse, en début d’après-midi, et je comprends pourquoi les locaux y tiennent tant. C’est doux, légèrement amer, plein d’arômes… un peu comme la ville, finalement.

place gérone

Accès et déplacements : venir et bouger à Gérone, tout simplement

Gérone fait partie de ces villes où l’on arrive facilement… et qu’on découvre encore mieux une fois sur place. Que vous veniez du sud de la France ou que vous fassiez une escale depuis Barcelone, tout est à portée de main. Voici les options que j’ai envisagées – et testées pour certaines :

  • En voiture : une bonne solution si vous venez depuis la frontière française. Vous serez libre de vous arrêter en chemin ou de prolonger le voyage vers la Costa Brava ou les Pyrénées. Le revers de la médaille, c’est le stationnement : les places gratuites sont rares, surtout en haute saison. Personnellement, j’ai opté pour un parking payant près de l’église Santa-Susanna del Mercadal. Pratique, central et sans prise de tête.
  • En train : la gare Adif de Gérone est bien située, en plein centre-ville. J’ai pris un train depuis Barcelone et tout s’est enchaîné sans stress. C’est rapide, confortable, et on débarque directement au cœur de la ville, ce qui est toujours un plus.
  • En bus : la gare routière se trouve juste à côté de la gare ferroviaire. FlixBus, Eurolines… plusieurs compagnies desservent Gérone depuis la France ou d’autres villes espagnoles. Une option économique si vous avez un peu de temps devant vous.
  • En avion : l’aéroport Gérone – Costa Brava est à une douzaine de kilomètres du centre. Des taxis, bus ou agences de location vous permettent de rejoindre la ville sans difficulté. Si vous arrivez de plus loin ou que vous combinez votre séjour avec d’autres étapes, c’est bien pratique.

Une fois vos valises posées, pas besoin de transport pour visiter Gérone. La vieille ville se parcourt à pied, tranquillement. Les principaux sites sont concentrés dans un périmètre réduit, ce qui permet de prendre le temps de flâner, de s’arrêter quand bon vous semble, et de vivre la ville à votre rythme. Une vraie balade… comme une tortue, évidemment 🐢.

Profiter de la vie locale

J’ai trouvé à Gérone ce que je cherche souvent dans mes voyages : une vraie vie locale, simple et accueillante. Le centre-ville regorge de petites adresses où s’arrêter pour grignoter, boire un verre ou feuilleter un livre. J’ai déjeuné chez Originem, une petite cantine sans prétention avec de bons produits et un accueil souriant.

Il y a aussi de jolies boulangeries, des chocolateries où l’on peut goûter les fameuses « xuixos » (viennoiseries locales fourrées à la crème), et des boutiques qui sentent bon l’artisanat. En me baladant, j’ai même trouvé une librairie nichée dans une maison ancienne, avec des livres jusqu’au plafond. Pas besoin de faire du shopping à outrance pour se sentir bien ici.

Que voir aux alentours de Gérone ? Des trésors à portée de main

Si Gérone se découvre facilement en une journée, ses environs donnent envie de prolonger le voyage. À moins d’une heure de route, on trouve une multitude de lieux étonnants, entre villages médiévaux, paysages volcaniques, mer scintillante et fantaisies d’artistes. J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette région, à la fois douce et sauvage, où chaque détour réserve une surprise.

Les villages médiévaux : retour dans le temps

Impossible de parler des alentours de Gérone sans évoquer ses villages perchés, figés dans le temps. Je me suis promenée à Besalú, célèbre pour son pont médiéval en arc qui enjambe la rivière Fluvià : on a l’impression de traverser un décor de film. Les ruelles pavées, les façades de pierre, les petites boutiques artisanales… tout y est.

Un peu plus loin, j’ai découvert Pals, Monells, Peratallada et Santa Pau. Ces villages ont chacun leur personnalité, mais partagent un même charme : placettes ombragées, vieilles pierres dorées par le soleil, et ce silence qui vous fait ralentir naturellement. Ce sont des endroits où l’on se perd avec plaisir, où chaque recoin donne envie de sortir son appareil photo.

Et puis, il y a Castellfollit de la Roca, suspendu au bord d’une falaise de basalte. Le panorama sur la vallée est vertigineux, et le contraste entre la roche noire et les toits en tuiles vaut à lui seul le déplacement.

Sur les traces de Dalí : l’art en pleine nature

Si vous aimez les artistes un peu fous (ou carrément géniaux), le triangle dalinien va vous intriguer. Tout commence à Figueres, la ville natale de Salvador Dalí, où trône le Théâtre-Musée Dalí. Ce lieu est à son image : baroque, déroutant, plein d’humour et de provocation. On y entre comme dans un rêve éveillé.

Puis direction Cadaqués, un village de pêcheurs blanc et lumineux, accroché à la côte. Juste à côté, à Portlligat, j’ai visité la maison-musée de Dalí. C’est un vrai labyrinthe poétique, rempli d’objets insolites, de miroirs et de vues imprenables sur la mer.

Dernière étape à Púbol, dans l’arrière-pays, où se trouve le château Gala Dalí. Moins excentrique, plus intime, ce lieu dédié à sa muse Gala dévoile une autre facette de l’artiste. C’est une plongée dans son univers amoureux, presque secret.

Les vestiges d’Empúries : un bout d’Antiquité en bord de mer

J’ai aussi pris le temps de visiter Empúries, sur la côte, près de L’Escala. Ce site archéologique est fascinant : on y découvre les restes d’une ancienne cité grecque puis romaine, avec ses temples, ses mosaïques et même un petit amphithéâtre. Le musée sur place complète parfaitement la visite.

Marcher entre ces ruines avec la Méditerranée en toile de fond, c’est une expérience à part. On sent l’histoire sous nos pieds, tout en profitant de la lumière marine.

Nature volcanique et paysages spectaculaires

Côté nature, j’ai eu un vrai coup de cœur pour le parc naturel de la Garrotxa. Il abrite une zone volcanique étonnante, avec plus de quarante anciens cratères. J’ai grimpé celui de Montsacopa pour admirer la vue, mais vous pouvez aussi explorer Croscat ou Batet de la Serra, selon vos envies.

La région est verte, vallonnée, pleine de forêts et de petits sentiers. Et si vous avez envie de prendre de la hauteur, des vols en montgolfière sont proposés. Je ne l’ai pas testé cette fois, mais j’ai bien noté l’idée pour une prochaine escapade.

Le Cap de Creus : entre roches et criques secrètes

Enfin, si vous cherchez un coin sauvage face à la mer, direction le parc naturel du Cap de Creus, à l’extrémité orientale de la péninsule ibérique. Le paysage y est presque lunaire, avec ses falaises abruptes, ses formations rocheuses étranges et ses petites criques accessibles à pied.

J’ai passé des heures à marcher au bord de l’eau, à m’asseoir sur les rochers pour observer les vagues, et à me laisser surprendre par cette lumière unique. C’est un endroit brut, presque silencieux, où la Méditerranée montre un visage plus sauvage.

Charlie
Charlie

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