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Val d’Hérens : au cœur du Valais, l’âme des Alpes suisses

Perdu entre les cimes sauvages du Valais, le Val d’Hérens a ce quelque chose de brut et d’authentique qui vous attrape sans prévenir. Entre les villages aux greniers sur pilotis, les vaches d’Hérens au caractère bien trempé et les routes sinueuses qui mènent jusqu’à la Dent Blanche, ce coin de Suisse semble suspendu dans le temps. Un été, en suivant votre curiosité et votre instinct, vous pourriez bien repartir d’ici avec le sentiment d’avoir découvert l’un des derniers vallons encore habités par l’âme alpine.

Le Val d’Hérens, une vallée hors du temps

Il y a des endroits qui semblent échapper à la frénésie du monde moderne. Le Val d’Hérens, niché dans le canton du Valais, en Suisse, fait partie de ceux-là. C’est une vallée qui se vit lentement, au rythme des saisons, des troupeaux et du vent qui descend des glaciers. En suivant sa route sinueuse depuis Sion jusqu’à la Dent Blanche, on traverse bien plus qu’un paysage : on plonge dans une culture alpine vivante, fière et profondément enracinée.

Une nature spectaculaire, à échelle humaine

Le Val d’Hérens s’étire sur près de 485 km², du fond de la plaine du Rhône jusqu’aux glaciers du Mont Miné et de Ferpècle. Ce relief impressionnant abrite une mosaïque de paysages : vergers d’abricotiers, forêts de mélèzes, alpages suspendus, et sommets à plus de 4 000 mètres. On y retrouve cet étagement typiquement valaisan où la montagne raconte chaque étage de la vie alpine.

Et puis il y a ces curiosités naturelles, comme les Pyramides d’Euseigne, ces colonnes coiffées de pierres qui semblent sorties d’un rêve géologique. Un lieu à la fois fragile et grandiose, façonné par le temps et l’érosion. J’y ai passé une matinée entière à les contempler, hypnotisée par leur silence minéral, tandis que les cloches des vaches tintaient au loin.

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Les villages du Val d’Hérens : entre bois brûlé et traditions vivantes

Ce qui m’a le plus marquée dans cette vallée, ce sont ses villages. Ils ne sont pas figés dans une carte postale ; ils respirent encore la vie, la vraie.

Evolène, le cœur battant

Impossible de parler du Val d’Hérens sans évoquer Evolène, son chef-lieu et véritable âme. Les chalets brunis par le soleil, les greniers sur pilotis, les ruelles pavées où le bois craque sous les pas… tout ici respire l’authenticité. Le vieux quartier d’Olèïnna mérite une flânerie, ne serait-ce que pour observer ces détails architecturaux patiemment conservés.

Evolène, c’est aussi la terre des combats de reines, ces joutes impressionnantes entre vaches d’Hérens, une race robuste et fière, emblématique du Valais. Et si vous avez la chance d’y passer pendant le carnaval, vous découvrirez des masques ancestraux en bois, sculptés à la main — un rituel unique en Suisse.

Les Haudères, à la croisée des rivières

Situé à la confluence des rivières d’Arolla et de Ferpècle, Les Haudères dégage une atmosphère paisible et montagnarde. Ses chalets centenaires semblent veiller sur la vallée, et son Centre de glaciologie permet de mieux comprendre ces géants de glace qui sculptent encore le paysage.

La Sage et Arolla, les villages suspendus

En montant plus haut, on atteint La Sage puis Arolla, à près de 2 000 mètres d’altitude. Là-haut, le temps semble ralentir. Arolla est un point de départ idéal pour les randonneurs et alpinistes, mais aussi un havre pour ceux qui cherchent la quiétude et les panoramas sur les glaciers. Les soirées y sont fraîches, parfois traversées par le cri d’une marmotte ou le tintement d’un troupeau rentrant à l’étable.

Hérémence, entre audace et tradition

Enfin, il y a Hérémence, que l’on n’oublie pas. Son église en béton brut, construite dans les années 1960, tranche avec les chalets environnants. Une œuvre audacieuse qui symbolise bien cette vallée : attachée à ses racines, mais jamais fermée à la modernité.

Les sites naturels à ne pas manquer

Le Val d’Hérens se découvre en marchant, en respirant, en observant. Certains lieux méritent un détour, d’autres, une halte prolongée.

  • Le Lac Bleu d’Arolla : caché à 2 090 mètres d’altitude, ce petit lac glaciaire porte bien son nom. Sa couleur change au fil du jour, passant du turquoise au bleu profond. Une courte randonnée mène jusqu’à ses rives, où le reflet de la Dent Blanche semble presque irréel.
  • Le barrage de la Grande Dixence : avec ses 285 mètres, c’est le plus haut barrage-poids du monde. Le visiter, c’est plonger dans une aventure humaine et technique fascinante. Depuis le sommet, la vue sur les Alpes valaisannes est à couper le souffle. Les plus téméraires peuvent tenter la tyrolienne AlpinLine, longue d’un kilomètre.
  • Les glaciers de Ferpècle et du Mont Miné : accessibles par des sentiers balisés, ces glaciers rappellent la puissance des forces naturelles. Leur recul progressif témoigne des transformations du climat, mais leur majesté demeure.
  • Le lac d’Arbey, au-dessus d’Evolène, offre un panorama exceptionnel sur la Dent Blanche. Au coucher du soleil, c’est un spectacle dont on ne se lasse pas.
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🥾 Randonnées et balades : marcher pour comprendre

Avec plus de 500 kilomètres de sentiers, le Val d’Hérens est un paradis pour les randonneurs. Les itinéraires varient du simple sentier familial aux grandes traversées alpines.

Parmi les plus beaux parcours :

  • Le Tour pédestre du Val d’Hérens, en cinq étapes, relie Grande Dixence, Arolla et Nax. C’est un condensé de la vallée, entre forêts, alpages et glaciers.
  • Le sentier des villages d’Evolène, parfait pour flâner entre hameaux traditionnels et chalets anciens.
  • Le sentier glaciologique d’Arolla, qui mêle nature, pédagogie et panoramas à couper le souffle.

Et pour ceux qui aiment l’adrénaline, la via ferrata du Belvédère de Nax offre une belle dose de vertige, suspendue au-dessus du vide.

Une culture vivante et gourmande

Ici, la culture ne se visite pas : elle se goûte, se sent, se partage. Dans les villages, les fours communautaires reprennent vie lors des cuissons du pain d’Hérémence, et les fromageries d’alpage ouvrent leurs portes aux visiteurs. J’ai encore en mémoire cette dégustation improvisée d’un fromage à pâte dure, encore tiède de la meule, accompagnée d’un verre de fendant bien frais.

Le musée d’Evolène est une étape à ne pas manquer : costumes traditionnels, objets du quotidien, outils agricoles… tout y raconte la vie rude et ingénieuse des montagnards. Et si vous aimez l’artisanat, poussez la porte de l’atelier de tissage de Marie Métraille à Evolène : les métiers à tisser y battent encore le rythme du passé.

Les habitants, fiers de leur patois évolénard, perpétuent un art de vivre fondé sur la solidarité et la simplicité. Le carnaval d’Evolène, avec ses masques en bois et ses traditions mystérieuses, en est la plus vibrante démonstration.

Une vallée tournée vers l’avenir

Malgré sa forte identité, le Val d’Hérens ne s’endort pas sur son patrimoine. Ici, le tourisme se veut doux et respectueux, à l’image de la nature environnante. Les hébergements privilégient l’accueil local, la restauration met en avant les produits du terroir, et la mobilité douce progresse lentement, mais sûrement.

Certes, le projet de Parc Naturel Régional n’a pas abouti, mais de nombreuses initiatives communautaires fleurissent : circuits de découverte, écogîtes, valorisation des savoir-faire et énergies renouvelables. Une manière de préserver cette vallée sans la figer, en lui laissant sa liberté et son caractère.

Le Val d’Hérens, une Suisse qui vit encore au rythme de ses montagnes

Plus qu’une destination, le Val d’Hérens est une expérience à part entière. C’est un territoire où la montagne n’est pas un décor, mais un partenaire de vie. Où les habitants ne jouent pas à être “authentiques” — ils le sont.

On repart d’ici avec les chaussures pleines de poussière, le cœur un peu plus léger, et cette impression tenace d’avoir retrouvé quelque chose de rare : une vallée qui a su rester vraie.

Charlie
Charlie

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